Saint Pierre en Chastres
Haut lieu de la forêt de Compiègne
Situé sur le territoire de Vieux-Moulin, au cœur de la forêt de Compiègne, le Mont Saint-Pierre-en-Chastres qui culmine à 137 mètres d’altitude, dévoile en son sommet un large plateau sur lequel s’élèvent aujourd’hui les vestiges d’un ancien monastère.
Les fouilles archéologiques effectuées ces deux derniers siècles ont livré des témoignages d’occupations multiples grâce à la découverte d’objets de la période chalcolithique, de l’âge du bronze, gaulois, romains et gallo-romains. Attestée par la présence des vestiges, l’occupation médiévale est également confirmée par les sources archivistiques ainsi que le récent diagnostic archéologique qui a mis à jour des céramiques du Xème siècle et plusieurs fosses-silo de la fin de l’époque carolingienne et du moyen-âge central.
Au IXème siècle, le roi Charles le Chauve fait don du Mont de Chastres aux religieux bénédictins de l’Abbaye de Saint-Crépin-le-Grand de Soissons qui construisent sur les ruines de l’ancien camp fortifié un édifice et une chapelle placée sous l’invocation du Prince des Apôtres, Saint Pierre.
En 1308, Philippe IV le Bel installe à leur place des religieux connus sous le nom des Célestins en référence à leur fondateur italien l’ermite Pierre de Murrone devenu Célestin V après son élection au Souverain Pontificat. L’austérité des règles de vie observée au sein de la communauté religieuse et les miracles qu’ils accomplissent à Saint-Pierre-en-Chastres (la fontaine des miracles guérit de la stérilité) forcent l’admiration et le respect de leurs contemporains. Les rois, princes, personnalités ecclésiastiques et particuliers les comblent alors de nombreuses rentes et libéralités, ce qui a pour conséquence d’augmenter considérablement leurs biens temporels. Leur patrimoine se compose de moulins, maisons, bois, terres, prés et étangs dans les communes aux alentours. Parmi les grands protecteurs des célestins, Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI et Duc du Valois, figure en première place. Il fait bâtir de 1398 à 1400 sur le site une chapelle accolée au flanc sud de la nef de l’église. Aujourd’hui partiellement conservée, elle est classée Monument Historique.
Au XVIIème siècle, les religieux embellissent le chœur de l’église d’un retable sculpté de têtes d’angelots, encore en place ce jour. Ils font bâtir également un superbe pavillon, servant de maison au Prieur du monastère mais aussi aux hôtes auxquels les célestins offrent l’hospitalité en leur servant la fameuse omelette aux herbes dite «à la Célestine».
Dans les derniers temps de son existence, l’ordre n’a plus suffisamment de vitalité pour résister aux pressions de la Commission des Réguliers qui pousse à sa suppression laquelle sera effective en 1778. Le monastère est fermé et subit des destructions successives.
Vendu comme bien national à la révolution française, puis quelques années plus tard réintégré au domaine, le Mont Saint-Pierre-en-Chastres est aujourd’hui un lieu de résidence artistique pour le Festival des forêts.
Texte rédigé par Cécile Gambier